Finissons-en avec les "ministres Kleenex" !

Quel est le constat ?

La durée de vie moyenne d'un ministre de la Ve République est de moins de deux ans (1). Comment, en aussi peu de temps, est-il possible de porter une réforme jusqu'à sa mise en application ? Impossible ou presque.

Cela donne aux français l'impression que les ministres, qui le plus souvent subissent cette situation, ne vont pas au bout des choses et qu'ils sont plus attachés à leur carrière qu'à la mise en application de leurs idées. Or les français, lorsqu'ils votent, se moquent de la carrière et du devenir politique de leurs ministres. Ils souhaitent simplement que les  idées pour lesquelles ils ont voté se traduisent en mesures concrètes. 

Comment changer les choses ? 

Lorsqu'un gouvernement est remanié, on ne doit plus proposer à un ministre en exercice un portefeuille vacant (même s'il est supposé plus élevé dans la hiérarchie des ministères). Ainsi, soit le ministre va au bout de ce qu'il a commencé, soit, s'il n'a plus la confiance du Président, il quitte le gouvernement. Et s'il quitte le gouvernement, il doit accompagner lui-même (et non une équipe de technocrates comme c'est le cas aujourd'hui) son successeur afin de lui transmettre ses dossiers et assurer une vraie passation.

Les ministres que j'ai rencontrés regrettent unanimement la façon dont ils ont dû transmettre leurs dossiers. La transition est souvent courte, froide et non préparée. Et pour cause, ils ont appris la veille de leur départ qu'ils étaient virés ou, au mieux, mutés.   

Pourquoi est-ce important ?

La plupart de nos ministres ne sont pas experts dans le domaine dont ils ont la charge. Ils mettent des mois à prendre la mesure des enjeux de leur portefeuille. Et une fois qu'ils sont armés pour agir, on nous annonce un remaniement. Les projets de lois qu'ils portent découlent souvent d'expertises et de réunions très coûteuses. Ces projets, souvent pertinents, ne doivent plus rester au fond d'un tiroir parce que celui ou celle qui les a portés a changé de poste.

Plus que les projets eux-mêmes, ce sont ceux qui les portent qui changent la France. Si nous donnons du temps à nos ministres, ils auront la possibilité de mettre en application les lois qu'ils font voter et ils pourront les corriger pour mieux les assumer.

Des exemples ?

a) Que sont devenues les 18 mesures "Vivre chez soi", portées par Nora Berra, qui sont censées permettre à nos aînés de vivre chez eux le plus longtemps possible ? Depuis qu'elle est passée du poste de Secrétaire d'Etat chargée des Aînés à la Santé lors du dernier remaniement, on n'en entend plus parler alors que ce projet a mobilisé près de 300 experts pendant plus d'un an ! 

b) Où est passée l'idée de Luc Ferry de dédoubler les classes de CP et de CE1 afin que nos enfants sachent tous lire et écrire en sortant de l'école primaire ? De l'aveu même du ministre, son successeur ne savait même pas que la mesure avait été abandonnée quelques mois seulement après qu'il a pris le poste.

c) Le 18 octobre 2000, Martine Aubry a démissionné de ses fonctions ministérielles pour se consacrer aux élections municipales à Lille. Ce départ du gouvernement a surpris, puisque les 35 heures n'étaient pas entrées en application. Elle a été remplacée par Elisabeth Guigou qui a eu beaucoup de difficulté à reprendre le dossier pour l'adapter aux contraintes de nos entreprises.

Des exemples comme ceux-là, on pourrait en citer beaucoup... Finissons-en avec les "ministres Kleenex" et acceptons l'idée que pour changer la France, il faut laisser à ceux qui nous gouvernent le temps de la changer.

(1) www.politique.net/2007081601-duree-de-vie-ministre.htm, 16 août 2007 
 

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